Toute passion abolie
Posté par belledenuit le 28 mars 2009
Lu dans le cadre du Prix des Lecteurs 2009
Auteur : Vita Sackville-West
Editions : Le Livre de Poche (2005)
Nbre de pages : 220Présentation de l’éditeur :
» En un éclair lady Slane sentit que le puzzle éclaté de ses souvenirs venait de se reconstituer. Elle se retrouva sur la terrasse de la villa indienne désertée. Elle appuyait ses bras sur le parapet brûlant, faisant pivoter lentement son ombrelle. En fait, elle se tenait ainsi pour dissimuler son trouble car elle venait de se retrouver à l’écart de tous avec ce jeune homme à ses côtés « . Le jour même de la mort de son mari Henry Holland, comte de Slane, lady Slane décide de vivre enfin sa vie. Elle a quatre-vingt-huit ans. Lady Slane surprend alors son entourage en se retirant à Hampstead. Dans sa nouvelle demeure, toute passion abolie par l’âge et le choix du détachement, lady Slane se sent libre enfin de se souvenir et de rêver.
Mon avis :
Ce livre est une pure merveille d’écriture. Me voila rassurée après avoir été bien déçue par les deux premières sélections du Prix des Lecteurs. Ce livre correspond vraiment à toutes mes attentes.
On y trouve Lady Slane, âgée de 88 ans, qui, suite au décès de son mari, prend des décisions très différentes de celles auxquelles ses enfants auraient pu s’attendre.
Ayant été une femme très effacée et « sans autorité ; aimable et charmante, elle avait été toute sa vie une femme soumise – un prolongement de son mari » (p.19), qui aurait pu croire que Lady Slane les surprenne en prenant des décisions toutes autres que celles qu’ils s’étaient faits.
On voit alors cette femme reprendre sa vie en main après avoir été propulsée par son mariage dans un monde de fastes et de noblesse, puisqu’elle sera vice-reine des Indes, alors qu’elle n’espérait qu’être artiste peintre.
Lady Slane raconte la vie qu’elle a vécue avec des mots pleins de poésie et d’amour. Malgré le fait que la vie mondaine n’était pas celle qu’elle souhaitait réellement, on ne ressent aucune rancune à l’endroit de son mari. Certes, elle a des regrets mais l’amour qu’elle portait à l’homme qui a partagé sa vie était plus important que tout le reste. Après tout, elle (et ses enfants) n’a jamais manqué de rien, comme elle le dit si bien.
On la suit donc pendant une période de quelques mois avant qu’elle ne s’éteigne à jamais : d’abord dans la maison d’Elm Park Gardens puis dans une petite maison qu’elle loue à Hampstead.
L’écriture de Vita Sackville-West est tout simplement magnifique. J’ai accroché tout de suite à ce roman et il m’était bien difficile de le lâcher. Autant dire qu’il a été lu quasiment d’une traite.Pour exemple, voilà la description qu’elle nous donne de Lady Slane (p.43) et que je trouve sublime : « Très calme, très distinguée, très âgée, très fragile, Lady Slane vint s’installer face à ses fils et ses filles. Son allure ne surprenait pas ses enfants, mais les observateurs étrangers, eux, n’arrivaient pas à croire qu’elle pût avoir plus de soixante-dix ans. C’était une très vieille dame. Grande, mince, pâle, elle avait conservé toute sa prestance et son charme. Elle n’avait jamais l’air de porter de banals vêtements mais plutôt des sortes de drapés, qui accentuaient encore son élégance. On admirait la douceur charmeuse de ses gestes, son regard d’un vert profond, son nez court et droit, ses mains sereines semblant sorties d’un primitif flamand… »
Je pense que j’ai beaucoup aimé cette dame parce qu’elle nous apparaît très calme. Et la façon dont elle raconte sa vie se fait de la même manière. Aucune agressivité dans ses mots. C’est un livre qui apaise. J’ai vraiment adoré et je compte bien poursuivre ma découverte de cette auteure.
Encore une bonne surprise du PDL. Un régal!