Les amants de la mer Rouge
Posté par belledenuit le 18 avril 2009
Auteur : Sulaiman Addonia
Editions : Flammarion (2009)
Nbre de pages : 305
Quatrième de couverture :
Djeddah, fin des années 80. Naser est un jeune Erythréen de vingt ans que les troubles politiques dans sa terre natale ont forcé à émigrer en Arabie Saoudite où, pour gagner sa vie, il lave les voitures. Là-bas, les femmes sont cachées sous leurs voiles et les hommes ont les pleins pouvoirs. Seule prévaut la justice des riches et des puissants. Naser grandit dans un climat brutal et ses moindres faits et gestes sont épiés par la police religieuse tandis que sa vie est rythmée par les sermons stridents de l’impitoyable imam de la mosquée locale. Jusqu’au jour où il reçoit – sacrilège – un mot d’amour écrit par une inconnue. Bravant les chefs religieux et politiques, Naser décide de vivre cette passion, tout en sachant qu’il risque sa vie s’il venait à être découvert.
Les amants de la Mer Rouge est l’histoire d’un amour interdit, dans une Arabie Saoudite brûlante et tyrannique, une passion universelle et moderne à la fois.Mon avis :
Lorsque l’on m’a demandé si j’étais partante pour recevoir ce livre et en faire une chronique, j’ai réellement hésité.
Le titre ne me posait aucun problème, bien au contraire, puisque j’entre en ce moment dans une phase où mes lectures ont besoin d’être légères.
Je partais donc sur un enthousiaste certain qui a perdu de son intensité quand j’ai lu de quoi il s’agissait. Et là… hésitation totale !
Est-ce que je lui dis oui ou non ? Mais si je dis « non » je risque peut-être de passer à côté d’une histoire qui vaut la peine d’être lue même si elle se passe… en Arabie Saoudite.
Eh oui ! Le problème était dans la situation géographique de cette narration.
J’avais eu beaucoup de mal à lire et à avancer dans « Les hirondelles de Kaboul » de Yasmina Khadra et je n’avais pas du tout envie d’avoir une autre lecture comme celle-là.
Il est toujours difficile de supporter ce que ces femmes peuvent endurer là-bas. En tout cas, d’un point de vue de femme occidentale que je suis.
Mais finalement, je me suis lancée et j’ai accepté de le lire. Pourquoi ?
Tout simplement parce que chaque livre mérite d’avoir sa chance d’être découvert. Il fallait que j’arrête mes préjugés et que je m’y mette avec plus de recul. Et honnêtement, je ne regrette pas du tout mon choix.
La lecture file très bien. On ne voit pas les pages défilées. Sulaiman Addonia a un style fluide, facile et même si l’écriture est simple, on est pris par la narration que nous fait Naser de sa vie à Djeddah.
Il faut quelques pages avant que la relation qu’il va entretenir avec cette inconnue, qu’il nommera Fiore, se mette en place mais une fois que l’on y est, que c’est dur de les laisser !
On tremble pour eux; on espère qu’ils parviennent à finaliser leurs envies, leurs rêves dans ce pays où hommes et femmes ne se côtoient pas un seul instant.
Ce récit très réaliste sur la vie de ces jeunes gens est aussi raconté avec tendresse et poésie. C’est ce qui rend d’ailleurs sa lecture si fluide. On sent l’amour. On le vit aussi malgré les risques encourus tant par l’un que par l’autre car comme le dit Naser :
« Je préférais m’accrocher à mon rêve, aussi dangereux soit-il, plutôt que de vivre dans un monde sans amour. » (p 175).
Et dans ce pays si particulier, placé sous le contrôle de la police religieuse et de la corruption, chaque pas, chaque mot peut mener à l’enfer.
Nous sommes ici témoin d’un Amour vrai dans un pays totalitaire où l’on donnerait tout pour les aider à vivre libre, tout simplement.
Vous l’aurez compris, ce premier roman de Sulaiman Addonia m’a totalement conquise parce que l’auteur, sans user de scènes trop difficilement supportables mais sans minimiser non plus les risques, a su nous décrire la passion de deux êtres prêts à tout pour s’aimer et se retrouver libres de leurs mouvements et de leurs pensées.
Merci à Suzanne de Chez les filles et aux éditions Flammarion pour cette très belle découverte.
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