Le totem du loup
Posté par belledenuit le 13 août 2009
Lu dans le cadre du Prix des Lecteurs 2009
Auteur : Jiang Rong
Editions : Le livre de poche (2009)
Nbre de pages : 634
Présentation de l’éditeur
Le Totem du Loup, c’est le récit d’une initiation, celle de Chen Zhen, jeune étudiant chinois qui doit apprendre, au contact des tribus mongoles, comment survivre… Les hordes de loups règnent encore sur la steppe. Les cavaliers nomades, héritiers de Gengis Khan, craignent et vénèrent cet animal qu’ils ont choisi pour emblème. La rencontre avec cette culture va bouleverser le jeune Chinois. Un fascinant roman d’aventures, vendu à plus de vingt millions d’exemplaires en Chine.
Mon avis :
J’ai terminé ce livre avec le coeur lourd. C’est un formidable témoignage que nous livre là l’auteur à travers un jeune chinois parti dans la steppe Olon Bulag afin de découvrir la façon dont vivent les nomades.
Certes, je ne pouvais pas lire plus de 4 ou 5 chapitres à chaque fois que je l’ouvrais (ce qui vaut un avis relativement tardif) mais il n’en demeure pas moins qu’il ne faut, de toute façon, pas se presser pour le lire.
Il se déguste par petites touches. On vit alors plus intensément chaque moment que nous fait partager Chen Zhen, le jeune instruit, aux côtés de Bilig, vieux pasteur qui va tout lui apprendre de sa vie de Mongol mais aussi de la relation que lui et son peuple entretient avec les loups.
Le livre est composé de chapitres nous décrivant les chasses que les Mongols doivent faire contre les loups afin de sauvegarder leurs troupeaux de boeufs, de moutons ou de chevaux mais il raconte aussi celles que font ces animaux sauvages pour survivre.
Car dans cette steppe, il s’agit bien de survie.
A travers un contexte politique difficile qui fait courir à sa perte la steppe et les animaux sauvages qui y vivent (nous nous situons ici en 1969 en pleine révolution culturelle sous le gouvernement maoiste), Chen Zhen et ses amis nous font vivre des instants pleins d’émotion, de magie et d’amour.
Je me suis fortement attachée à ce jeune apprenti berger et à son louveteau car Chen Zhen, même s’il est un Han, aime les loups et souhaite les connaître et tout apprendre d’eux.
Le loup est un animal extraordinaire : il est rusé; il connaît les hommes; il a une technique de chasse imparable; et malgré la violence qu’il déploie pour se nourrir (et donc vivre !) c’est aussi un animal pour qui la survie des siens est importante.
Quelques scènes m’ont horrifiée, d’autres m’ont époustouflée et une seule m’a fait pleurer.
On ne peut qu’être admiratif devant tout ce que nous relate Jiang Rong (pseudonyme de l’auteur qui a vécu pendant des années dans cette steppe dont il raconte finalement ici sa propre aventure) mais il faut aussi s’interroger sur la façon dont l’Homme détruit son patrimoine.
L’épilogue est effarant et pourtant on ne peut que s’y attendre. En comparaison, ça me fait penser à la dissimination de l’Indien par l’Homme Blanc, sauf qu’ici il s’agit d’un même peuple !
Si ce livre vous parle et que vous avez envie d’y consacreer quelques jours de lecture pour découvrir la vie dans steppe et les méandres de ces nomades, je ne peux que vous dire : allez-y ! lancez-vous !
Si vous avez besoin d’un peu plus de réflexion, vous pouvez aussi trouver d’autres avis qui vous feront peut-être franchir ce cap : Loula, Mihura, Le cercle des lecteurs, Dirlandaise, Maddy Duchesne. Ils ont tous beaucoup aimé cet ouvrage !
De plus, un site est entièrement consacré à ce livre qui s’est vendu à plus de 20 millions d’exemplaires rien qu’en Chine ! N’hésitez pas à aller y faire un tour : Le totem du loup.
Quelques extraits :
« Le trois jeunes hommes examinèrent intensément le louveteau : rien de commun avec un petit chiot, toujours couvert de duvet luisant. Le louveteau avait des poils gris tendre, entremêlés de crins noirs, longs et raides. On aurait dit une châtaigne dans sa bogue, mais la description enchanteresse s’arrêtait là : de petits crocs sortaient déjà de sa gueule minuscule et la petite boule de poils exhalait une forte odeur animale mêlée à celle de la terre. Bref, tout le contraire de petits chiots mignons et adorables. Mais, aux yeux de Chen Zhen, c’était la plus belle et la plus précieuse de toutes les vies de la steppe. » (p. 208)
« Les gardiens de chevaux détestent les marmottes car leurs montures trébuchent dans les trous qu’elles font. Les marmottes sont, avec les rats, les lièvres et les gazelles, les plus grands ennemis de la steppe. Il faut savoir qu’une marmotte donne naissance à six ou sept petits par an, et les jeunes partent s’établir un peu partout. Les trous, reliés par des galeries, se multiplient à une vitesse phénoménale : un vrai dédale ! En plus, comme c’est un grand rougeur qui consomme les graines et les herbes quand vient l’automne, il faut le tiers d’un hectare pour engraisser une seule marmotte ! La steppe en est dévastée. » (p. 300)
« La steppe est un monde très complexe… Plusieurs éléments coexistent, reliés entre eux, dont le loup est l’un des plus importants. Qu’un seul élément fasse défaut, et la steppe court à sa perte. » (p. 301)
Merci pour ton avis magnifique. C’est une livre que je veux absolument lire. Il est toujours d’actualité, bien que l’histoire se déroule en 1969.
Merci encore ma belle.
Gros bisous
J’aime beaucoup les récits de voyage, surtout lorsqu’il y a le lien avec la nature. Les étendues infinies de la Mongolie me font rêver… C’est clair, j’ajoute ce livre dans ma liste.
J’aime beaucoup la couverture…
@ Marie : très bonne lecture alors. Tu devrais beaucoup l’apprécier (en tout cas je l’espère )