1984
Posté par belledenuit le 11 décembre 2009
Auteur : George Orwell
Editions : Gallimard (2004)
Nbre de pages : 438
Quatrième de couverture :
De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. Il y en avait un sur le mur d’en face. Big Brother vous regarde, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston… Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C’était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n’avaient pas d’importance. Seule comptait la Police de la Pensée.
Mon avis :
-
Ne jamais montrer ses émotions.
-
Ne pas parler dans son sommeil.
-
Ne pas penser.
-
Un slogan à connaître par coeur :
« La guerre c’est la paix
La liberté c’est l’esclavage
L’ignorance c’est la force » (p 15)
Ce dernier point m’a valu un arrêt de lecture le soir même où je l’avais commencée. Il apparaît au bout de la 5ème page et déjà j’étais à bout de souffle.
Je me suis dit alors que cette lecture allait être bien difficile à supporter et tel a été le cas.
Malgré tout, je l’ai lu en 4 jours. Impossible de m’en détacher. C’est relativement paradoxal parce que ça n’a pas été non plus une lecture facile.
A chaque page que je tournais, à chaque partie de que je découvrais, j’avais besoin d’une bouffée d’air frais. Je me disais : « Non impossible qu’un tel monde existe un jour. L’Homme ne peut pas devenir comme ça ! »
Et pourtant, sur beaucoup de points, tout m’a semblé si réaliste. J’avais comme des visions d’un monde passé où des Hommes n’hésitaient pas à dénoncer des êtres qui leur étaient chers pour avoir le contentement de se dire : « J’ai fait ce qu’il fallait. J’ai servi la cause ! »
La cause ici c’est le Parti.
Le Parti régit la vie de tout un chacun. On sent réellement que l’Homme n’est plus un véritable être fait de pensées, de réflexions, d’émotions. Tout a été aboli.
Une nouvelle langue a même été créée (le novlangue) dont « le véritable but (…) est de restreindre les limites de la pensée ». (p 79)
Dans ce monde de George Orwell, un homme de 40 ans, Winston Smith, va voir sa vie basculer parce qu’il est l’inverse de ce qu’on attend de lui.
A travers lui, on est plongé dans cette vie horrible qu’il doit mener. On le suit dans ses questionnements. Il nous explique ce qu’il faut faire ou ne pas faire pour ne pas attirer l’attention sur soi.
« Il était terriblement dangereux de laisser les pensées s’égarer quand on était dans un lieu public ou dans le champs d’un télécran. La moindre des choses pouvait vous trahir. Un tic nerveux, un inconscient regard d’anxiété, l’habitude de marmonner pour soi-même, tout ce qui pouvait suggérer que l’on était anormal, que l’on avait quelque chose à cacher. En tout cas, porter sur son visage une expression non appropriée (paraître incrédule quand une victoire était annoncée, par exemple) était en soi une offense punissable. Il y avait même en novlangue un mot pour désigner cette offense. On l’appelait facecrime. » (p 93)
Si au début, on se dit que ce monde là est impossible, la fin de l’ouvrage, quant à elle, est tout simplement à couper le souffle.
Je ne pensais pas du tout que l’on en arriverait à ça ! Et je n’arrive toujours pas à le croire ou même à l’imaginer. Difficile d’étayer alors que je ne veux rien vous dévoiler.
Ce livre m’a dérangée d’une certaine façon parce que finalement il met en avant la nature de l’Homme face au pouvoir. Il y a ceux qui règnent et ceux qui abdiquent.
Mais sommes-nous sûrs que ces derniers plient réellement l’échine face à une dictature cachée ? N’y-a-t-il pas au fond d’eux-mêmes cette petite lueur, cette once de réflexion, qui fait que l’on refuse d’obtempérer ?
Beaucoup de thèmes, beaucoup de réflexions sont contenus dans cet ouvrage.
J’ai du mal à dire qu’il m’a plu. Disons plutôt qu’il m’a marquée à vie. Profondément.
Vous dire qu’il faut le lire c’est peu dire. Vous DEVEZ le lire.
Pour ma part, j’ai trop attendu pour le découvrir. Mais encore faut-il être prêt pour pouvoir l’ouvrir et encaisser tout ce qu’il contient. Je savais, pour en avoir entendu beaucoup parler, que c’était un livre fort, un livre choc. Mais à ce point là, certainement pas.
Malgré la petite indigestion qui m’est restée avec la fin et le malaise qui perdure encore aujourd’hui, je ne regrette pas du tout de l’avoir lu.
George Orwell ne cache rien. Son style est direct et les « images » choquent mais il faut en passer par là pour réaliser les choses.
Un autre passage de l’ouvrage qui m’a touchée :
« Te rends-tu compte que le passé a été aboli jusqu’à hier ? S’il survit quelque part, c’est dans quelques objets auxquels n’est attaché aucun mot, comme ce bloc de verre sur la table. Déjà, nous ne savons littéralement presque rien de la Révolution et des années qui la précédèrent. Tous les documents ont été détruits ou falsifiés, tous les livres récrits, tous les tableaux repeints. Toutes les statues, les rues, les édifices, ont changé de nom, toutes les dates ont été modifiées. Et le processus continue tous les jours, à chaque minute. L’histoire s’est arrêtée. Rien n’existe qu’un présent éternel dans lequel le Parti a toujours raison… » (p 221)
@ Suzanne : J’espère que mon avis incitera beaucoup de monde à le lire…
Je note car ton avis me donne énormément envie de lire ce roman que je ne connais pas, mais dont j’ai entendu beaucoup de bien. Merci pour ce bel avis.
@ Ellcrys : Contente de voir que mon avis te pousse à le lire. Il vaut vraiment le coup de s’y pencher dessus. Bonne lecture !
Tu as entièrement raison: c’est un livre à lire absolument! J’ai eu la même impression que toi à la lecture.Au départ j’ai un peu eu envie d’abandonner mais c’est vite devenu impossible!
Cette lecture avait été terriblement difficile pour moi aussi.
Ce qui fait le plus mal, ce qui rend ce livre insupportable, c’est de se dire qu’une telle dictature n’est pas complètement impossible à mettre en place.
De manière historique, de nombreuses dictatures parviennent à durer très longtemps. Et je pense que le processus d’écrasement et de soumission décrit par Orwell n’est hélas pas tant que ça exagéré…
Voici encore un des classiques que je n’ai jamais réussi à finir. J’ai apprécié l’histoire pourtant mais pas assez emballée pour aller au bout. Pourtant je ne cesse d’en recommander la lecture, comme quoi !
@ LN : Certains écrits sont parfois difficiles à supporter mais il faut malgré tout poursuivre pour se rendre compte des choses.
@ Marie : Tout à fait d’accord avec toi. D’ailleurs, au cours de ma lecture, notamment dans la dernière partie, j’avais l’impression de « voir » un film au temps des nazis sur le conditionnement du cerveau et les manières pour y aboutir… Effrayant !
@ Melmelie : C’est ce que je disais à LN. Il faut aussi arriver à supporter ce qu’on lit. Il y avait peut-être une part de toi-même qui refusait ce que tu lisais parce que justement comme le précise Marie, un tel gouvernement peut se mettre en place à n’importe quel moment. C’est dommage que tu n’aies pas pu aller jusqu’au bout mais je comprends aussi
Une lecture marquante, forcément !
Sinon, tout comme Nanne, je te conseille la Ferme des Animaux, c’est une fable très forte elle aussi, mais écrite de manière très simple (hyper facile de le lire en VO d’ailleurs).
@ Cocola : Oui j’ai noté ce titre vu que beaucoup me le conseille. Quant à le lire en VO… on verra
C’est un livre que j’ai bien aimé lorsque je l’ai lu, il y a fort longtemps. Je voulais aussi te dire que si ça ne te dérange pas, lorsque tu publies un livre pour le défi SF fait moi parvenir ton lien via un comm sur mon blog ou avec defi.science.fiction@gmail.com et si tu connais déjà les titres que tu vas lire, tu peux me les dire. Merci beaucoup